ECOLES D'APPLICATION

Promus Sous-Lieutenants, les membres de la "FRERE" sont alors répartis pour un stage de "spécialisation" dans les différentes Ecoles d'Application en fonction du choix de leur Arme. Ils rejoignent donc : COETQUIDAN (!) pour l'Infanterie, SAUMUR pour l'A.B.C., IDAR-OBERSTEIN (R.F.A.) pour l'Artillerie, TOURS pour le Train, ANGERS pour le Génie, MONTARGIS pour les Transmissions et BOURGES pour le Matériel. La durée de ce séjour est en principe d'un an, sauf pour les artilleurs "anti-aérien" pour lesquels il est prolongé de 6 mois.

 

AFFECTATION EN CORPS DE TROUPE

A l'issue de ce séjour, c'est l'éclatement vers les Corps de Troupe avec, en général, pour fonction : Chef de Section ou de Peloton à l'INSTRUCTION voire Chef de Peloton d'Elèves Gradés. Les connaissances acquises en écoles - rôle de l'instructeur en particulier - sont donc immédiatement confrontées avec les réalités et mises à l'épreuve.

 

LES CAMPAGNES [1952-1962]

L'INDOCHINE

Nous avions été "préparés" à la perspective d'un départ rapide en Indochine. Les évènements qui s'y déroulaient et s'aggravaient depuis 7 ans devaient hâter encore le processus.
Notre nomination au grade de LIEUTENANT devait intervenir le 1er Octobre 1952. A part quelques cas exceptionnels (engagement dans le Bataillon Français de l'O.N.U. en Corée ou volontariat pour l'Indochine accepté par leur Arme... ce qui n'allait pas de soi) qui partirent un peu plus tôt, les départs s'échelonnèrent à partir de l'été 1952, en fonction d'un "tour de départ" établi par le Commandement en tenant compte des besoins des différentes Armes.

A la fin de 1953, la quasi totalité - TOUTES ARMES REUNIES - de la "Général FRERE" se retrouva en Indochine soit près de 440 Lieutenants. Ce fut incontestablement un facteur essentiel de l'ESPRIT de PROMO (SOLIDARITE, COHESION et AMITIE) car le Chef de peloton de chars qui venait dégager votre unité ou votre convoi d'un mauvais pas... c'était un petit co de Promo, l'artilleur qui venait au secours de votre poste attaqué... c'était un petit co de Promo... Cela crée des liens !

Beaucoup furent détachés dans l'Infanterie car les besoins de cette Arme étaient largement supérieurs à ses possibilités de relève.

Le plus grand nombre rejoignit le Tonkin, où se déroulaient les plus durs combats et où se trouvait le plus gros du Corps Expéditionnaire.

On retrouva donc des "FRERE" dans les tribus Méo, Thaï ou Muong, chez les Vietnamiens comme à la Légion, dans les Paras, les Tirailleurs de toutes origines, les RIC ou les RAC, comme D.L.O., Lieutenant de tir ou observateur aérien... Ils commandaient des sections, des pelotons, des commandos, des pelotons amphibies ou de vedettes blindées, parfois des compagnies voire un groupe de compagnies. Ils entretenaient l'infrastructure ou assuraient les transports... En un mot ils avaient la lourde mission de mener des hommes au combat et... parfois à la mort : un rôle de chef "de contact" et de commandement auquel ils avaient été préparés... et qu'ils surent assumer.

42 de nos petits cos devaient y faire le sacrifice de leur vie

Les récits de ces combats et des faits d'armes héroïques de certains sont relatés dans le MEMORIAL que la Promotion a consacré à ses "Morts pour la France".
Cette guerre devait se terminer peu après la chute de DIEN BIEN PHU où servirent 52 membres de la Promotion : 10 d'entre eux y succombèrent au cours de furieux combats, 2 périrent au cours de la longue marche des prisonniers vers les camps.

ENTRE DEUX CAMPAGNES

Mis à part les blessés graves et rapatriés sanitaires qui furent évacués par avion sur la Métropole, les premiers à quitter l'Indochine s'embarquèrent durant l'été 1954.

Après un Congé de Fin de Campagne -en principe de trois mois- chacun rejoignit une unité de son Arme d'origine en France métropolitaine, aux F.F.A. (la France entretenait un nombre important d'unités en Allemagne pour faire face, avec ses alliés, à la menace que faisaient peser sur l'Europe l'U.R.S.S. et le communisme) ou dans les Pays de l'Union Française, certains en Afrique du Nord.

LA GUERRE D'ALGERIE

La Toussaint 1954 marqua le début de l'insurrection du FLN en Algérie. Peu nombreux étaient alors les membres de la Promo qui s'y trouvaient (essentiellement Légionnaires ou Tirailleurs). Mais l'extension de la rébellion devait avoir pour corollaire l'accélération de l'envoi de renforts, souvent en unités constituées afin de participer à ce que l'on appelait alors des "opérations de maintien de l'ordre".

Il n'y eut pas l'aspect massif des départs pour l'Indochine. Nombreux furent ceux qui se retrouvèrent à l'encadrement d'unités du contingent comme Lieutenants d'abord puis comme Capitaines, les premières nominations à ce grade intervenant en 1957.

16 de nos petits cos devaient y faire le sacrifice de leur vie

Le MEMORIAL, cité plus haut, retrace les circonstances de leur mort.

La guerre d'Algérie se terminait sur le goût amer d'une victoire militaire suivie d'un abandon politique. Cette conclusion, survenant après l'Indochine, devait profondément marquer l'Armée et occasionner de pénibles "ruptures". Elle vit certains s'engager, par respect pour la parole donnée, dans l'aventure du putsch des Généraux et payer cet engagement d'une mise à l'écart. Certains préférèrent quitter l'uniforme et ce furent les premiers départs pour la vie civile... et une deuxième carrière.

La Promo sut éviter -ce ne fut pas le cas de toutes les Promotions- une cassure et préserver son unité.

LE TEMPS DE PAIX

REORGANISATION

Redevenue "Armée de temps de Paix", l'Armée française devait se lancer alors dans une série de réorganisations : Les "Division 59" devinrent "67" puis "76". On créa la FAR et enfin "l'Armée 2.000", sans parler de la disparition de la "Coloniale" remplacée par les "Troupes de Marine" qui devinrent une subdivision regroupant les "colos" des différentes armes.

Il s'ensuivit, au début, de nombreux changements d'Armes destinés à faire face aux modifications des besoins de chacune de celles-ci en fonction de la définition des nouvelles missions auxquelles elles étaient appelées à faire face.

Les armes techniques (Transmissions, Génie, Train) ou l'administration (Intendance - recrutement - Cadre Spécial)... recrutèrent alors dans les Armes "excédentaires" par concours ou, le cas échéant, par mutations à base de volontariat... voire autoritaires. Dix de nos camarades rejoignirent  aussi les rangs de la Gendarmerie.

LA VIE CIVILE

Tous ces évènements devaient s'accompagner de nombreux départs. Trente années après leur sortie de Coët, plus du tiers des membres de la Promo avait rejoint la vie civile à 18 ou 25 ans de service ou profitant des différentes formules mises en oeuvre pour le "dégagement des cadres" devenus excédentaires, les officiers, ne mourant plus au combat. Il y furent très appréciés et remplirent souvent des postes de responsabilité.

L'AVANCEMENT

Bien entendu, les circonstances et les études supérieures poursuivies par certains [Ecole d'Etat-Major - Brevets Techniques - Diplômes Techniques ou Ecole de Guerre] amenèrent  un échelonnement dans l'avancement.

BILAN FINAL

Le bilan final des grades détenus par les 441 membres de la Promotion "Général FRERE" est le suivant :

79 Généraux (17,91%)
  • 5 Généraux d'Armée (1,13%)

  • 7 Généraux de Corps d'Armée (1,58%)

  • 16 Généraux de Division (3,62%)

  • 51 Généraux de Brigade (11,36%)

106 Colonels (24%)
110 Lt.Colonels (24,9%)
51 Commandants (11,58%)
37 Capitaines (8,39%) [dont 6 Morts pour la France]
54 Lieutenants (12,24%) [dont 52 Morts pour la France]
3 Sous-Lieutenants (0,6%)
1 E.O.A.

Les 58 Morts pour la France représentent 13,15% de la Promo

Un certain nombre de membres de la Promotion ont occupé, successivement ou en fin de carrière, des postes importants, voire prestigieux :

  • 1 Secrétaire Général de la Défense Nationale -1 Conseiller d'Etat
  • 1 Chef d'Etat-Major particulier du Président de la République
  • 1 Chef d'Etat-Major des Armées - 2 Chefs d'Etat-Major de l'Armée de Terre
  • 1 Commandant de la 1ère Armée - 1 Commandant en Chef des Forces Françaises en Allemagne
  • 2 Commandants de la Force d'Action Rapide - 1 Commandant de la Légion Etrangère
  • 1 Major Général de l'Armée de Terre - 2 Contrôleurs Généraux
  • 2 Directeurs des Transmissions de l'Armée de Terre
  • 4 Commandants de Région dont 1 de Gendarmerie
  • Plusieurs Commandants d'Ecole dont : l'Ecole Spéciale Militaire, l'EMSST et l'Ecole de Guerre - l'Ecole d'Etat-Major - l'Ecole des Transmissions de Montargis - les Ecoles de Gendarmerie - l'ENSOA de Saint Maixent - l'Ecole de Cadres de Strasbourg.
  • 1 Grand Chancelier de la Légion d'Honneur
  • 1 Gouverneur des Invalides

CONCLUSION

La Promotion "Général FRERE" peut être fière de ce qu'elle représente au sein de l'Armée française.

Elle a pris une large part dans les sacrifices consentis à la Patrie.

Elle a assumé plus qu'honorablement sa place dans la chaîne de Commandement.

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